Pour les lecteurs italiens, mais aussi pour donner l'idée aux autres pays européens de réécrire la constitution..
Le changement c’est : «MAINTENANT» !
Matteo Renzi
«l’UE sauve les banques et fait mourir les enfants»
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Depuis le 22 février 2014, le président du Conseil italien Matteo Renzi ne cesse de transformer, de bouger, d’accomplir, avec une rapidité et une efficacité qui laissent pantois.
La Ferrari Renzi et la bien française deux-chevaux de François Hollande.
Les rôles constitutionnels de ces deux personnalités ne sont certes pas les mêmes mais on a le droit de comparer ces deux trajectoires, ces techniques contrastées, l’éclat redoutable et décisif de l’Italien et la parole pleine de gravité et de
componction du Français qui n’arrive pas, malgré tous ses efforts, à faire
componction du Français qui n’arrive pas, malgré tous ses efforts, à faire
entrer dans la tête de ses compatriotes qu’elle n’est pas une fuite mais un prélude, pas un fumet
talentueux et creux mais une préparation, pas des mots mais déjà, presque, un acte.
Le président de la République annonce en permanence le concret d’une politique, l’incarnation
d’un pacte et le surgissement opératoire de mesures et d’avancées. Comment se fait-il que de
l’avis général – sans tenir compte de l’inévitable lenteur des résultats à venir – ce pouvoir
donne l’impression de faire du surplace d’autant plus préoccupant que, contrairement à
Jacques Chirac qui avait pris son parti d’un immobilisme noble et apaisant, François Hollande
s’obstine à se faire passer, et son gouvernement avec lui, pour industrieux, mobilisé, réactif et
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Du parti ORA (maintenant) :
Nous publions cet l’appel parce que nous sommes convaincus que la situation actuelle
demande d’unir toutes les forces, les sensibilités, et les intelligences disponibles pour
construire un nouveau sujet politique afin de donner une réponse commune à l’émergence
démocratique que nous vivons. Cet appel a été rédigé le 11 et 12 avril 2015 à CHIANCIANO lors
d’une grande assemblée promue par la Coordination de la Gauche italienne contre l’Euro.

Tous ceux qui souhaitent adhérer à cet appel vont recevoir bientôt une invitation à collaborer au programme et à la constitution de l’organisation : dès maintenant en employant des moyens informatiques pour développer une première coopération, et ensuite en se rencontrant pour favoriser de vraies relations humaines.
La prochaine réunion plénière est fixée les 26 et 27 septembre 2015. Ce sera une étape
intermédiaire pour lancer à la fin de l’année, le démarrage du projet politique, le nom définitif
(ORA ! - MAINTENANT ! - étant le nom de la démarche constituante), le programme et la
forme de participation. Cette démarche initiale est coordonnée par un Conseil national provisoire
de promotion, nommé pendant l’Assemblée de Chianciano.
Nous vous invitons chaleureusement
- à signer l’appel, soit individuellement soit en tant qu’association,
- ainsi qu’à participer concrètement dès maintenant à la construction de cet instrument
d’action commune. Dans tous les pays....
Nous réussirons dans la mesure où nous réunirons
- non seulement des forces politiques proches de nous,
- mais aussi tous ceux qui sont membres des innombrables groupes sociaux et
culturels qui aujourd’hui ne se sentent plus représentés par les partis politiques.
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Plutôt que d’attendre que quelqu’un nous représente,
nous voulons construire la force politique
où chacun comptera et se représentera directement.
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C’est Maintenant !
MAINTENANT !
- SOUVERAINETÉ POPULAIRE
- RÉELLE DÉMOCRATIE
- REVENUS CONVENABLES ET ÉQUITABLES
- DROITS SOCIAUX..
Notre pays est plongé dans une crise sociale, économique et morale sans précédent. On veut
nous faire croire que cette situation est inéluctable, irréversible et sans issue. La seule solution
parait être la capitulation ou l’assujettissement. C’est complètement faux !
En réalité cet état de chose a été produit par le capitalisme financier globalisé qui a trompé les
peuples, par le biais des moyens de communication, et qui, après les avoir assujettis, maintient
en otage les classes politiques au pouvoir, tout en dépossédant les Etats de leur souveraineté
nationale.
En particulier dans l’Union européenne ou les gouvernements des Etats ont délégué, petit à petit,
leurs pouvoirs fondamentaux aux institutions communautaires oligarchiques, sans possibilité de
contrôle démocratique et en employant l’euro comme outil puissant de la construction
néolibérale.
En Italie cela s’est traduit par la trahison des principes fondamentaux de la Constitution qui
instituait l’État comme garant du bien-être collectif et de la dignité des citoyens. Pour ce faire,
l’État était doté des instruments économiques fondamentaux, c’est-à-dire du contrôle total de la
Banque d’Italie et du système bancaire avec le pouvoir d’intervenir directement sur le
développement et la gestion de l’économie. Cela avait permis à l’Italie, malgré les conflits et les
inégalités, d’avoir une industrie étatique bien établie dans les secteurs stratégiques et un très
bon développement socio-économique.
Dans la situation actuelle, nous ne repartons pourtant pas de zéro. Nous repartons de la
Libération, il y a 70 ans, qui a produit la Constitution dont le premier article établissait que le
travail ne devrait plus être une marchandise, mais la voie royale pour l’amélioration sociale,
économique et morale de tous les citoyens.
Nous sommes convaincus, hier comme aujourd’hui, que nous devons nous libérer d’une
occupation, cette fois-ci de nature économique et financière, qui a renversé les principes
fondamentaux de notre démocratie et a anéanti les droits des travailleurs, obligeant le cours de
l’Histoire à rebrousse chemin. Pour nous libérer, il nous faut recouvrer notre souveraineté
nationale, la souveraineté que la Constitution a donnée au peuple, dont l’État est
l’instrument, et qui ne devait être cédée à aucun prix.
Dans le schéma politique actuel, l’opposition elle même n’a pas de projet alternatif à la
domination néolibérale. Dans le même temps on constate que nos institutions démocratiques
sont en grave danger, menacées par les réformes constitutionnelles et électorales en cours.
La construction d’un nouveau mouvement politique, pour sceller la plus large alliance entre les
forces démocratiques de l’opposition et celles qui vont surgir, qui sera capable d’engendrer l’éveil
populaire pour redonner à l’Italie la souveraineté politique et monétaire, en nous libérant de la
prison du néolibéralisme et de ses porte-parole, est d’autant plus urgente.
Nous allons construire un pays où le chômage, la précarité et la pauvreté seront
considérés comme les pires des maux… Un pays où l’État, au nom du peuple, protègera
l’environnement et les biens communs, et recouvrera le plein contrôle des secteurs
stratégiques, industriels et bancaires, en les soustrayant aux logiques inhumaines du
marché et du profit à tout prix.
Les sciences et la technologie doivent être durables et au service du bien-être collectif.
Nous voulons une société où l’on consomme le “juste” et où l’on produit le nécessaire,
en considérant les êtres humains et la durabilité comme les vrais buts.
Ce nouveau mouvement politique doit être formé ici et maintenant ! Avant qu’il ne soit trop tard,
avant que ne réussisse l’embuscade du monstre, c’est-à-dire des forces réactionnaires qui,
déguisées en agents anti-système, voudraient nous faire tomber du désordre néolibéral dans le
gouffre des dictatures néo-fascistes.
Nous avons décidé de nous mettre en marche, convaincus que le futur est encore ouvert devant
nous. Pour réussir, il est nécessaire de sortir de l’hypnose néolibérale, et de devenir
protagonistes du changement. Nous ne vous offrons pas un instrument politique prêt et
parfait. Ce projet ne pourra réussir que grâce aux contributions directes de tous ceux qui en
partagent les finalités.
Pour adhérer : ora@email.com
Texte original italien : ORA !
Traduction française : Rossana Becarelli
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Le président du Conseil a toutes les cartes en mains pour démontrer, à l'Italie et à
l'Europe, qu’il est vraiment un homme d’État.
L’Italie ne cesse de surprendre. Les sondages qui enregistraient une défiance croissante des
Italiens à l’égard de Bruxelles et une tentation accrue de sortir de l’euro comme l’ambiance
générale dans le reste de l’Europe laissaient présager une élection à risque pour les
pro-européens et une montée en puissance des eurosceptiques, en particulier du Mouvement
Cinq étoiles qui était devenu le premier parti italien à l’issue des élections législatives de février
2013 avec 25,5% des voix.
Et, en fait, le grand vainqueur de ce scrutin marqué par une vive compétition entre Matteo Renzi, Beppe Grillo et, accessoirement, Silvio Berlusconi, est le jeune et nouveau Président du Conseil qui a rassemblé
40,8% des suffrages, un score inespéré.
Comment expliquer un pareil succès?
Depuis qu’il a été nommé Président du Conseil en février dernier, Matteo Renzi bat des records
de popularité. Virtuose de la communication, aussi à l’aise à la télévision que dans les meetings
ou sur les réseaux sociaux, soignant son apparence décontractée, usant et abusant d’un langage
simple et de formules percutantes, il joue de la proximité avec les Italiens.
Il rassemble des personnes de tous les horizons qui voient en lui un homme neuf en politique,
même si sa biographie démontre que ce n’est pas exactement le cas, et surtout le sauveur d’un
pays qui souffre et va mal. Il a annoncé une quantité impressionnante de réformes dont bien peu
ont vraiment pour l’instant pris forme si ce n’est celle consistant à restituer mensuellement 80
euros aux salariés qui gagnent moins de 1.200 euros par mois.
En s’engageant à fond dans cette campagne, en sillonnant la péninsule, en multipliant les
interventions médiatiques, en occupant le devant de la scène, Matteo Renzi jouait une partie de
poker et risquait gros en cas d’échec. Mais dans cette épreuve, il a démontré son immense
habileté politique.
D’un côté, il a repris à son compte des critiques contre l’Europe notamment sur les questions
économiques et sociales ou sur la politique d’immigration (il n’a pas hésité à tweeter le 12 mai,
après un nouveau naufrage d’immigrés en Méditerranée, «l’UE sauve les banques et fait
mourir les enfants»); d’un autre côté, il s’est présenté comme un pro-européen décidé à
assainir les finances publiques et à impulser d’importants changements dans la péninsule pour
mieux essayer d’infléchir la politique économique de l’Europe.
Son activisme a précipité le déclin cette fois inéluctable de Silvio Berlusconi qui semble ringardisé
par ce challenger et n’a recueilli que 16,8% des suffrages. Il a surtout fait plier Beppe Grillo qui
annonçait un tsunami, prétendait écraser ses adversaires, entendait chasser le président du
Conseil et le président de la République et se voyait déjà en charge d’un futur gouvernement.
Sans doute, une partie des électeurs «grillini» se sont abstenus (la participation n’est que de
57% contre 65% en 2009) et d’autres ont rejoint Renzi qui coupe l’herbe sous les pieds du
Mouvement 5 étoiles lorsque, par exemple, il critique la vieille classe politique, se propose de
réduire les «coûts de la politique» et ne cesse d’invoquer son ardeur réformatrice.
Certes, la victoire de Renzi ne saurait occulter que les partis hostiles à l’Europe, avec des
arguments différents, de la gauche radicale à la droite extrême en passant par la Ligue Nord,
ont rassemblé plus de 48% des voix. Il n’en demeure pas moins qu’elle est importante, voire
décisive. Légitimé par ce score inédit et historique, Matteo Renzi a dorénavant les coudées
franches. Dans son parti, les résistances qui se manifestaient sont maintenant muselées. Ses
petits alliés du centre et du centre droit au sein de la coalition parlementaire sont satellisés et
sortir de la majorité parlementaire comporte pour eux désormais plus de risques que
d’avantages.
Les menaces de Silvio Berlusconi de rompre l’accord passé avec Renzi sur la loi électorale et
d’essayer de provoquer des élections anticipées ne pèsent plus guère. Les groupes de pression
qui s’opposaient à lui devront tenir compte de ce résultat électoral. Seules la lenteur et l’inertie
de l’administration publique peuvent constituer un frein au changement.
Bref, Matteo Renzi a toutes les cartes en mains pour démontrer qu’il est vraiment un homme
d’Etat. En Italie, pour mener les réformes institutionnelles en transformant le Sénat, électorales
(avec un nouveau mode de scrutin), économiques et sociales avec, par exemple, la réduction
des impôts et la restructuration du marché du travail afin de favoriser la reprise de la croissance,
ou encore la modernisation de l’administration publique et de l’école etc.
Mais aussi en Europe, puisque l’Italie aura à partir du 1er juillet, la présidence du
Conseil de l’Union européenne. C’est donc dans les mois à venir que l’on pourra évaluer si
Matteo Renzi est à la hauteur des immenses espérances qu’il suscite aujourd’hui en Italie, et
peut-être demain en Europe.
Marc Lazar
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Matteo Renzi, le jeune et courageux chef du gouvernement italien, vient de faire demi-tour en
abandonnant la funeste politique d'austérité en place depuis trois ans à Rome pour renoncer à
l'objectif de 3% et relancer la consommation par la distribution de 80 euros à tous les Italiens à
bas revenu. Voilà le bel exemple! La France ne doit pas s'engager dans la rigueur quand
les autres y renoncent.
Jean-Luc Mélenchon y va de son commentaire:
«Valls n'est que l'huissier de Bruxelles.»
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