mardi 23 juin 2015

Tsipras capitule, brave petit ! par Bruno Bertez



Excellent billet de Bruno Bertez. Les craintes que l’on avait se sont réalisées,la pression mise par les créanciers a porté ses fruits. D’ailleurs la BCE vient comme par hasard d’annoncer ce mardi matin qu’elle relevait de nouveau le plafond des prêts d’urgence qu’elle apporte aux banques grecques… OD


« Sur la photo, on voit Juncker qui accueille Tsipras en lui tapotant paternellement la joue gauche, Tsipras, sourit comme un benêt dans son costume de premier communiant.

Tout est là. Tout est dit. Du moins pour Tsipras, il a capitulé effrayé par le poids que l’histoire lui aurait fait supporter s’il avait tenu bon et sorti la Grèce de l ‘Eurozone.

La troika et surtout Draghi ont gagné, ils ont forcé Tsipras à concéder les coupes sur les pensions, la hausse de la TVA et il n’a rien obtenu au titre de l’allègement de la dette ou de la relance de l’économie. Les premiers calculs indiquent que les nouvelles ponctions fiscales qui ont été concédées vont amputer le GDP de l’équivalent d’un nouveau point.

C’est Draghi qui a porté le coup décisif, il a averti Tsipras que sans concessions de sa part-entendez reddition – l’aide aux banques grecques sous la forme de l’ELA serait coupée. Du coup la Grèce a acceptée dans un communiqué officiel l’extension de l’actuel bail-out. Merkel s’est empressée de préciser qu’il n’était pas question d’un nouveau bail-out, un troisième, non il s’agit bien de celui qui est en cours, le second.

Si l’on en croit les tweets des spécialistes, personne ne croit que la Grèce va à partir de là s’engager sur une voie fiscale soutenable, mais peu importe , ce qu’il fallait, c’est démontrer que l’on ne peut échapper à l’austérité exigée par Bruxelles et essayer de mener un chantage à la sortie de l’euro. Surtout quand le peuple, dans sa grande majorité n’en veut pas. A partir du moment ou les leaders européens ont réussi à terroriser les peuples avec la bombe atomique de la sortie de l’euro, il n’ y a plus de rebellion réelle possible. Il n’y a plus que des simulacres de rebellion. Même si les citoyens refusent les mesures dictées par Bruxelles, en même temps! Ils disent dans les sondages qu’ils veulent rester dans l’Euro. C’est la contradiction majeure qui empêche toute opposition sérieuse. Ce soir en Grèce, comme par hasard il y avait des manifestations organisées pour marquer la volonté de conserver l’euro et d’appartenir à l’Eurozone. Les peuples veulent comme le dit un leader cynique d’un pays du Nord, faire la fête mais que ce soient d’autres qui payent l’addition.

Dans ces conditions les leaders politiques des pays qui sont en difficulté s’avancent, partent en guerre , mais ils sont lâchés dès les premières escarmouches sur le front de l’euro. Tout se passe comme si les pouvoirs politiques n’étaient pas vraiment mandatés pour aller jusqu’au bout et dans ces conditions leur rôle n’est que cosmétique, on joue la comédie de la révolte , on fait trois petits tours, puis on s’en va, on saute. Comme un vulgaire Papandréou ou un Samaras.

Les jours de Tsipras sont comptés, il va devoir persuader son aile gauche que les concessions sont préférables à la sortie et aux souffrances de la redénomination. De toutes façons nous l’avions dit dès la première semaine, en n’instaurant pas un contrôle des mouvements de capitaux, en ne bloquant pas les ruées sur les banques, le sort était jeté, il allait, avons dit, se faire saigner à blanc. Ce qui est arrivé. L’erreur a été initiale.

Au stade ou nous en sommes dans nos sociétés, l’exemple Grec montre bien que l’on ne peut plus se révolter tant que l’on n’en accepte pas les conséquences et les risques, et les risques sont de tout perdre. Avis aux Italiens et Espagnols. Quant aux Français, la question ne se pose pas, il ne leur viendrait pas à l’idée de faire autre chose que protester. Maugréer, suffit à leur bonheur.

L’euro est une machine diabolique, on en a encore plus la preuve ce jour, l’intégration monétaire est une machine à tuer les démocraties. La dislocation de Syriza qui est déjà une coalition de bric et de broc, va créer une situation de confusion, voire de chaos. Notre conviction est que la Grèce n’est plus un pays gérable. La victoire de pays du Nord est une victoire à la Pyrrhus, ils vont régner sur un champ de ruines.

Nous laissons le mot de la fin à Stathis Leoutsakos : « leur but était d’humilier le gouvernement grec, ils veulent faire passer le message qu’aucune autre politique n’est possible dans la zone Euro ».
RELAYE PAR OLIVIER DEMEULENAERE
SOURCEBRUNO BERTEZ

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