mardi 21 juillet 2015

Ni “cons-sommateurs”, ni cobayes [1] Notre civilisation est à un tournant



Deux choix sont possibles en matière de consommation quand il s’agit de s’alimenter. 



  1. Celui des aliments issus de l’industrialisation à outrance avec l’agriculture productiviste qui produit pas cher avec des rendements énormes. 
  2. Celui des aliments issus d’une agriculture progressivement raisonnable évoluant vers le bio, la biodynamie, produisant plus cher avec des rendements faibles. 
Si je ne vous en dis pas plus, il est fort probable que beaucoup d’entre vous optiez pour le premier choix. 

Pourtant, des différences essentielles apparaissent chaque jour plus nettement. Elles concernent d’abord les moyens mis en œuvre

  • Le premier choix a besoin d’une mécanisation intensive et crée peu d’emplois. Le laboureur est soit masqué et casqué, soit dans une cabine isolée (parce qu’il ne veut pas respirer ce qu’il donne à la terre), climatisée, informatisée, avec une machine qui marchera bientôt sans pilote. C’est le progrès me direz-vous. 
  • Le deuxième choix crée des emplois qu’il faut bien rémunérer, ce qui se répercute logiquement sur le produit fini. L’idéal est de le vendre à proximité pour éviter les nombreux intermédiaires qui prennent leur pourcentage au passage. C’est archaïque, me direz-vous. 
Curieusement, les super et hypermarchés développent des rayons BIO, mais il est difficile de les conseiller quand on voit des miels bio de Chine ou des figues bio de Turquie achetés à des prix défiants toute concurrence, et dont la qualité bio est surtout sur l’étiquette… 

Une grande différence est que l’agriculture productiviste utilise des phytosanitaires qui ne sont autres que des chemicals, des produits chimiques, pesticides-insecticides-fungicides dangereux pour la santé humaine. Evidemment, les industriels ne vous le diront pas, ils vous diront même l’inverse en affirmant que le choix N°1 est la seule façon de réduire la faim dans le monde. Belle générosité si elle n’était pas orientée d’abord vers leurs poches, avec l’aide de la bourse. 

On se moque de nous en prenant les consommateurs pour des cobayes. Les scientifiques se réveillent quand ils ont vraiment la parole libre. 

C’est le cas de nombreux ingénieurs agronomes arrivés à la retraite, comme j’ai pu le constater après le Grenelle de l’Environnement auquel j’ai participé. 

Mon collègue britannique le Pr. John Beddington (nous avons le même âge), spécialiste de la gestion des ressources naturelles et « conseiller scientifique en chef » du gouvernement Anglais, a sonné le tocsin. 

Dans un discours officiel [2] il estimait : 

« le monde, sans de profonds et rapides changements de comportements individuels et collectifs, va vers un collapsus écologique et économique global qu'il compare à un ouragan parfait (économique, social et environnemental), qui se concré tisera vers 2030, donc dans 15 ans. Ce scénario associe conjointement une crise alimentaire, sanitaire et sociale, une crise énergétique et une crise écologique majeure caractérisées par un effondrement brutal des écosystèmes, à l'échelle de la biosphère, c'est-à-dire de la planète toute entière, et dépassant les capacités de résilience écologique de la biosphère (à court, moyen ou long terme). » 

Il ajoute : 

« Cette situation explosive représente la plus grande menace pour la stabilité et la paix mondiale qui ait jamais existé. Des centaines de millions d’hommes et de femmes vivent dans les régions les plus exposées et n’auront pas d’autre choix que de partir pour tenter de survivre ailleurs. Les sources de conflits, d’épidémies, de guerres seront innombrables… et jusqu’à présent l’humanité n’a encore jamais apporté la preuve qu’elle savait gérer ce genre de situation.» 

Que faire ? Attendre 15 ans les bras croisés ou réveiller les consommateurs exploités ? Attendre de voir plus de cancers chez des sujets jeunes – c’est le cas déjà aujourd’hui – en annonçant aux familles qu’on ne connaît pas les causes et qu’on les cherche sans les chercher vraiment ? 

Avec le tout-génétique, on a voulu faire mieux que la nature et cela dans tous les domaines de l’humain [3]. La déconstruction de tous les modèles rationnels qui consiste à tout détruire, pensée par les philosophes brillants – Dérida, Foucault, Deleuze et bien d’autres – perturbés dans leur vie intime, obsédés par la mort, valorisés par des médias philosophiquement incompétents pour suivre la mode, conduit l’humanité au suicide. 

Les pesticides de Monsanto et autres lobbies [4] très puissants ravagent notre santé et notre planète
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) basé à Lyon, agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vient enfin de classer cinq pesticides dont le fameux Roundup, via son principe actif le glyphosate, comme cancérogènes « probables » ou « possibles »

La prudence exige de minimiser les risques puisque ces produits sont largement utilisés et répandus dans les environnements agricoles. 

On qualifie de probable et de possible quand c’est certain. Pour ne « pas faire peur ». 

« Le glyphosate, présent notamment dans le Roundup, est classé cancérogène “probable chez l’homme” (groupe 2A), même si “les preuves sont limitées” en ce qui concerne la survenue d’un lymphome non Hodgkinien ou d’un cancer de la prostate », souligne le CIRC. 

Les études d’exposition des agriculteurs menées aux États-Unis, au Canada ou en Suède, publiées depuis 2001, sont enfin suffisantes pour modifier la classification, établie en 1991, où le Roundup a été sorti de la catégorie des cancérogènes pour l’homme (en 1985, une première évaluation l’avait placé dans les « cancérogènes possibles »). Il fallait attendre des catastrophes de santé pour oser le dire ! 

La production et la vente de Roundup ont explosé depuis l’introduction de cultures génétiquement modifiées (AGM = Aliments génétiquement modifiés [5]). 

En plus de l’agriculture, ce produit fortement toxique est utilisé dans les forêts et chez les particuliers dans leur jardin pour qu’ils n’aient pas à se baisser pour supprimer quelques mauvaises herbes. 

Le glyphosate a été retrouvé dans l’air, dans l’eau et dans la nourriture, selon le CIRC qui précise que la population est notamment exposée lorsqu’elle habite à côté de zones traitées, même si les niveaux d’exposition observés sont « généralement bas »

Cette nouvelle classification prend aussi en compte des études expérimentales chez l’animal. Le Roundup est le « désherbant le plus utilisé au monde », souligne l’association Générations futures qui se félicite de cette évaluation « qui reconnaît la dangerosité avérée du glyphosate »

Les quatre autres sont les insecticides tels que le malathion, le diazinon, le tetrachlorvinphos et le parathion. Les deux premiers sont classés dans le groupe 2A des cancérogènes probables avec, comme pour le glyphosate, des « preuves limitées » dans la survenue des lymphomes non hodgkiniens et des cancers de la prostate pour le premier, du poumon pour le second. 

Les insecticides tetrachlorvinphos et parathion, qui font déjà l’objet d’interdictions ou de restrictions dans de nombreux pays, ont été classés dans le groupe 2B des cancérogènes « possibles » au vu des données chez l’animal. 

Fin mars de cette année, la revue très reconnue Human Reproduction [6] affirmait que les pesticides réduisent de plus de 50 % le nombre de spermatozoïdes (86 millions par éjaculat contre 171 millions). 

Tout ceci vient enrichir la longue liste des produits démontrés dangereux pour notre santé : 

  • La saccharine, édulcorant artificiel, officiellement cancérogène pour la vessie qui a été largement et longuement utilisée dans les sodas et cocas light. 
  • Les PCB (polychlorobiphényles) fluides de refroidissement pour les transformateurs électriques, les condensateurs et les moteurs électriques, vrais cancérogènes chez les animaux et l’homme, des maladies du foie, des troubles neurologiques, (l’autisme) et le cancer. 
  • Le polystyrène, largement utilisé dans les emballages alimentaires dont la production génère d’énormes déchets. 
  • Le DDT, l’insecticide pour lutter contre les moustiques vecteurs du paludisme, perturbateur endocrinien interdit dans tous les États-Unis. 
  • La dioxine, l’un des précurseurs de l’agent Orange s’accumule dans la chaîne alimentaire, principalement dans les tissus adipeux des animaux et des hommes. 
  • L’Agent Orange, herbicide défoliant largement utilisé pendant la guerre du Vietnam (400 000 personnes tuées ou mutilées, 500 000 enfants nés avec malformation et impact sur la santé de 3 millions de soldats américains et leurs familles). La formule de Monsanto avait des niveaux de dioxine bien supérieurs à l’Agent Orange produit par Dow Chemicals, l’autre fabricant. 
  • L’engrais à base de pétrole, qui tue les micro-organismes bénéfiques à la terre. 
  • Le Roundup, herbicide puissant qui éradique les mauvaises herbes du jour au lendemain, rapidement adopté par les agriculteurs qui réduisaient ainsi leur main-d’œuvre trop coûteuse. 
  • L’utilisation a augmenté quand Monsanto a introduit le « Roundup Ready» (résistant au glyphosate) pour les cultures, permettant aux agriculteurs de saturer tout le champ en désherbant sans tuer les cultures. Il est retrouvé dans les nappes phréatiques, les sols, les cours d’eau et même l’air et de plus en plus dans les aliments. Il a largement tué les papillons et de très nombreux cheptels d’abeilles. 
  • L’aspartame, commercialisé sous le nom de NutraSweet, faux sucre dangereux à la longue pour les reins, le foie et même le cerveau, fortement présent dans tous les produits dits light. 
  • L’hormone bovine de croissance (rBGH = Somatotropin = Hormone de croissance), injectée aux vaches laitières dopées pour produire plus de lait. Ainsi elles développent des pis gonflés, des mammites dont le pus se mélange au lait, imposant l’utilisation des antibiotiques. Les laits contenant les rBGH sont largement suspectés d’être en cause, chez l’humain, dans l’apparition de cancers du sein, de la prostate et du côlon. 
  • Les cultures/OGM génétiquement modifiés, avec les graines conçues pour résister au Roundup. 
  • Monsanto attaque évidemment toutes les études scientifiques en inondant – jamais gratuitement – les médias avec des demandes reconventionnelles d’organismes « indépendants », des scientifiques, des associations industrielles, des blogs, des médias sociaux parrainés, et des articles d’entreprises de relations publiques « privées » toutes créées, financées et dirigées par la multinationale [7]. 
  • J’ai été fort étonné de voir récemment la Ligue contre le Cancer valoriser les pesticides pour la santé. Je m’interroge quant à l’origine de tels écrits pour une organisation très riche qui en est encore au tabac et à l’alcool parmi les facteurs de risques de cancer. 
  • Les semences Terminator, destinées à produire des graines stériles, ce qui impose d’en racheter chaque année. Cette semence n’est pas vendue sur le marché, mais Monsanto demande aux agriculteurs de signer un contrat pour ne pas conserver ou vendre les semences d’une année sur l’autre, ce qui les oblige à acheter de nouvelles semences. 
Selon Organic Consumers Association : 

« Il y a une corrélation directe entre notre approvisionnement en produits génétiquement modifiés et les 2 milliards de dollars que les États-Unis dépensent chaque année pour les soins médicaux, à savoir une épidémie de maladies chroniques liées à l’alimentation. 

À la place des fruits, légumes, graines et animaux nourris à l’herbe bons pour la santé, les élevages industriels américains et les transformateurs alimentaires produisent une surabondance de malbouffe génétiquement modifiée qui provoque des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, le diabète et le cancer, soutenus par des subventions d’Etat, tandis que les agriculteurs biologiques ne reçoivent pas de telles subventions. » 

La science manipulée n’est pas synonyme de bien commun, sauf pour les lobbies milliardaires, aux dépens d’une population manipulée, exploitée. 

L’excellent film produit en France par Jupiter La Santé dans l’assiette [8] doit entrer dans toutes les familles. J’ai plusieurs fois animé des soirées après la projection de ce film et me suis rendu compte de l’impact majeur des informations qu’il apporte. 

Il est urgent de trouver des solutions alternatives écologiques et de santé
Ces solutions existent. Elles sont créatrices d’emplois pour les jeunes, qui resteront en bonne santé. De plus en plus de jeunes couples s’installent et développent des produits d’une agriculture menée de manière écologique, biologique, biodynamique et développent de plus en plus la permaculture [9]. 

Ils mettent leurs produits sur les marchés de proximité, créent des contacts fructueux en termes humains et économiques. 

Annonce spéciale de Jean-Marc Dupuis de Santé Nature Innovation
Le pouvoir des plantes 

Contre les aggressions du quotidien, les plantes apaisent, soignent, soulagent. Les traditions ancestrales sont validées par la recherche scientifique et de nouvelles vertus sont découvertes chaque jour... rendez-vous ici pour en savoir plus.


Nul doute que nous ne pouvons plus nous laisser faire et manipuler par des exploiteurs qui pénètrent le monde des décideurs politiques dans les ministères, des représentants que nous avons élus de gauche comme de droite, à Paris et de plus en plus à Bruxelles. Ils ne sont pas au service du bien commun, de la collectivité. 

Ecoutez aussi mon excellent collègue de l’université de Caen, le Pr Gilles-Eric Séralini dans l'émission La tête au carré sur France Inter : « OGM, pesticides et poisons cachés » 

L'étude du CRIIGEN qu’il a menée, publiée en janvier 2014, précise que le Roundup en tant que tel n'a jamais été évalué avec ses adjuvants qui le rendent des centaines de fois plus nocif que sa substance active le glyphosate. Donc, si le glyphosate est maintenant considéré comme “cancérigène”, qu'est-ce que cela doit être pour le Roundup ? Ceci sans parler des effets cumulatifs et des effets cocktails qui, évidemment, ne sont pas évalués [10]. 

Consommateurs, pas cobayes !
Nous voulons la transparence concernant les OGM et AGM, que les produits soient étiquetés clairement et pas en caractères illisibles sans une loupe qui devrait être exigée à l’entrée des supermarchés. 

Faudra-t-il confier l’enquête à Médiapart ? Pourquoi pas ! 

J’ai signé la pétition « Consommateurs pas cobayes ! ». Nous sommes déjà 150 000 mais devrions être des centaines de milliers, aller jusqu’au million de signataires. La campagne continue sur www.consommateurspascobayes.com 

Professeur Henri Joyeux 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre avis et de votre prise de position